Vos œuvres sont vos miroirs
Quand on me demande des conseils d’écriture, ma réponse est toujours plus spirituelle que technique. Je n’ai pas fait d’études, j’ai appris quelques petites choses sur le tas à force de m’exercer, mais ce que j’ai retenu après toutes ces années, c’est que vos œuvres doivent impérativement être votre miroir. Même si la technique pèche un peu, vous aurez du succès, pourvu que vous soyez authentique.
Que vous écriviez sur le thème de l’érotisme, une histoire fantastique, un essai de société ou des poèmes d’amour, vos œuvres doivent extraire de vous ce qui déjà s’y trouve. Un roman érotique manquera cruellement de sensualité si cette dernière n’est pas une composante de l’auteur. Il y a de fortes chances de passer à côté de l’érotisme et d’entrer dans la vulgarité ou la pornographie mal menée, voire de donner une impression de frustration, de trop peu ou pas assez. Un exemple parmi tant d’autres…
C’est à vous qu’elles doivent avant tout parler, autrement vous n’aurez que du vent à partager à vos lecteurs… il passera par ici et balayera l’oubli par là. Rendez vos œuvres uniques en les nimbant de votre originalité, de votre authenticité, en allant chercher en vous les ingrédients de ce gâteau que souhaitez tant mettre au four et présenter à vos invités. Mais pour qu’ils en prennent une part sans complaisance et surtout, qu’ils vous félicitent pour ce met surprenant, les ingrédients doivent être les bons, le savoir-faire inspiré, le four justement réglé et par-dessus tout, ce qui comptera c’est l’amour que vous y mettrez, et l’amour ça ne se contrôle pas. Si ces ingrédients vous sont inconnus et ne parlent qu’à votre mental, l’amour dédaignera libérer sa puissance. Et cet amour dont je parle n’est pas simplement le fait d’aimer être un « auteur » mais de vivre hors du temps, hors de soi, tandis que l’encre coule sur le papier.
Le savoir-faire et le réglage du four dépendent de la technique qui s’apprend à force de travail, mais les ingrédients sont en vous. Vous êtes votre propre épicier. Inutile d’aller chercher ce qui se trouve chez telle ou telle personne : si ce n’est pas en vous, ce ne sera pas authentique.
Alors bien sûr, de la sorte vous pourrez sans doute offrir un roman dit « commercial » qui se vend vite et bien et contente le lecteur sans trop lui en demander, car vous aurez la technique, le savoir-faire, mais quid de votre but premier ? Écrire pour partager vos visions, vos rêves, vos émotions…
Également, on n’oublie jamais ce qui nous marque, mais choquer le tout-venant pour se faire remarquer sera tout sauf authentique. Faisant passer la dépendance affective ou la demande d’approbation pour de l’expression artistique, vous exposerez votre âme à de multiples blessures si vous agissez ainsi.
J’estime que l’écriture est autant un exutoire qu’une façon d’exprimer nos idées, de partager nos émotions, des messages qui nous semblent essentiels. Du cri d’amour à celui de détresse, de la philosophie à la dénonciation, poser des mots sur nos réflexions ou nos émotions permet de les partager par le noble biais du livre, pour gagner les cœurs, les vies, inciter à la réflexion, au développement, offrir une solution, apaiser les tourments, soutenir les esprits en mal de Beau, etc.
Écrire est une responsabilité aussi grande que celle d’un berger. Si ce métier n’est pas viscéralement le vôtre, si vous ne faites pas attention à vos mots, au chemin emprunté, les brebis iront paître ailleurs.
La technique est importante mais, si l’écriture coule dans votre sang, vous saurez souffrir les critiques constructives, accepter certaines règles nécessaires. Un métier, cela s’apprend.
Pour résumer, votre œuvre doit extraire de vous ce qui s’y trouve déjà. Vous devez respecter votre âme en la laissant s’exprimer tout en lui offrant un cadre technique assez large mais permettant à ces énergies de ne pas s’éparpiller dans l’espace des pages. Votre authenticité est la clé de votre réussite. Écrivez ce que votre âme vous commande d’écrire, pas ce que le monde attend que vous écriviez.
Restez fidèle à vous-mêmes sans jamais perdre de vue votre rêve premier, qui était d’écrire parce que c’est ce que vous aimiez le plus au monde, et qu’aucun autre horizon n’était épanouissant s’il n’était pas fait de lettres.
Pour clore ce billet, je vous donne un conseil qui m’est personnellement très utile : en cours d’écriture, pour tester si vous êtes toujours sur la bonne voie, demandez- vous : « Suis-je entrain d’apporter quelque chose au monde ET est-ce que cela me procure un indicible plaisir ? ». Si la réponse est oui, alors les Muses seront vos anges et vous murmureront à l’oreille de ne pas douter, d’avancer, d’écrire et de livrer votre âme… Parce que vous êtes nés pour cela et qu’elle vous enverront des signes dans votre vie pour vous en assurer.
Illustration du billet
Daniel Gerhartz
Nom de l’oeuvre inconnu