J’avais 14 ans, sûrement moins. J’étais abonnée à la bibliothèque de ma ville. Déjà, mes rayons préférés étaient le rayon de la littérature étrangère, anglaise plutôt, dans lequel j’ai connu mes adorées Brontë. Mais il y avait aussi le rayon poésie, déplorablement vide. Les classiques Baudelaire, Lamartine, Musset… Musset qui était alors mon poète préféré, je ne sais plus trop pourquoi aujourd’hui à vrai dire, car ses contes me semblent meilleurs que ses poèmes à mon avis.
Quelques recueils plus modernes, trop modernes, et parmi eux, « L’amour perdu » de Jean-Paul Sermonte.
Ah… quelle découverte fut-ce là…
Un livre à la couverture fatiguée, 1979. Peu de nom sur la fiche de prêts…
Je suis repartie avec parce que quelques mots m’avaient plu, tout simplement. « Tourmente », « orage », « amour » entre autre. Arrivée à la maison, ce fut une révélation.
Le livre était introuvable en librairie et à l’époque, pas d’internet ! Alors j’ai fait quelque chose d’horrible mais nécessaire : j’ai photocopié le recueil. Et j’ai toujours cette version, qui m’est certainement plus précieuse que le recueil, car c’était mon trésor de l’époque.
J’ai lu, lu et relu ce recueil. Je recopiais sur papier, par simple plaisir, j’essayais d’en lire à des copines à la sortie des cours mais je rencontrais une indifférence assez terrifiante. A vrai dire c’est là que j’ai réellement senti le fossé entre le Monde et moi. Et que tout à dégénéré. Une dégénérescence souveraine car j’ai pu ensuite essayer de naissantes ailes. Mais à toute métamorphose il faut un temps de vulnérabilité…
Les mots de Jean-Paul Sermonte m’ont pansé le coeur, sa vision de l’amour était un baume pour mon âme. J’avais envie d’aimer comme lui. Je savais que je pouvais aimer comme lui, sans limite, dans la toute grande splendeur d’une dimension poétique. Ca palpitait en moi. Ses poèmes étaient comme une fenêtre sur des sentiments à venir et, grandissant, les graines de visions sont devenus d’étonnantes passions.
J’ai aimé. J’aime et j’aimerai encore. Parce que le but de l’existence est d’entretenir ce feu que l’on a au ventre, qui nous anime, nous réchauffe et sait nous dévorer et faire renaître.
Avec le recul, 20 ans ayant passés, je retrouve dans ma façon d’écrire, ce feu transmis par Monsieur Sermonte. Je ressens cette extase passionnel dans mes propres mots et la lente déchirure, éreintante, des amours enfuies… Il fut ma première réelle inspiration et le demeurera, en fondation.
Aujourd’hui je voulais rendre hommage à ce poète contemporain, qui est un des rares poètes reconnus quand la Poésie elle-même l’est de moins en moins face au carnage des Mots utilisés par une masse relativement écoeurante à la rime facile. Le sms n’arrange rien. L’éducation nationale non plus. Mais ceci est une autre histoire !
Je vous invite à découvrir cet être merveilleux pour qui l’amour n’est pas une religion mais un art de vivre, d’écrire…
Sur son site internet officiel, vous trouverez de quoi fouiller pour vous immerger dans son univers poétique : www.sermonte.net
Et pour l’heure, je vous laisse un extrait de « La Voix du Vent », sans autre commentaire qu’un doux soupir.
Votre dévouée Lucy.
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