Parution : | Format : | Label : | Univers : | Pays : |
1er février 2013 | LP | Auto-production | Metal Rock atmosphérique | France |
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Track-list :
1) Tidjan
2) Fusce Deliria
3) Insomnie
4) Parenthèse 56
5) Rêve…
6)…Rave
7)Fils de rien
8)Je songe
Line-up : Aline : Guitare électrique, guitare folk, chant – Bastien : Basse, guitare classique – Thibault : Batterie, percussions.
Membres additionnels : aucun.
La première fois que j’ai poussé le CD dans la platine, il s’est passé comme un moment de suspend, une magie, un peu comme quand on reste sans voix face à l’introduction d’un spectacle qui vous fait la promesse de vous en mettre plein la vue. Sauf que là, l’intro n’est qu’une succession de brèves notes d’une guitare. Tout est dans le son, l’effet. Au casque, c’est plus subtil encore. Ces notes sont un piège dans lequel l’oreille est prise, soumise à la mélodie.La voix d’Aline est cassée, on pourrait la définir ainsi. Mais il n’en est rien, c’est une voix douce, profonde, finalement écorchée par la beauté et l’envie de vouloir tellement retranscrire ses émotions. Du cœur à la gorge, quelques poétiques barbelés griffent sa voix. L’imbécile voudra la mettre à l’épreuve et qu’à cela ne tienne ! La piste 5 Parenthèse 56, texte d’Aragon porté en musique, est la preuve demandée. Emotion, puissance, présence ! Tantôt hurlante, tantôt soupirante, cette voix est une enfant des dons vocaux. Parfois, on peut y sentir du dégoût, de l’ironie, de la lassitude, c’est un vrai théâtre que les déclamations d’Aline !
Përl s’engage sur divers sujets qui rejoignent un thème principal, à savoir la condition humaine, l’humain et ses sentiments, l’esclavage intellectuel, les émotions vives, la désillusion. Ici la cruauté de l’homme envers l’homme via son conditionnement est magistralement chantée.
Niveau percussions, Përl ne se contente pas que de la batterie, mais joue de ses effets avec de merveilleux ralentis où seuls deux trois coups de baguettes savent être merveilleux, justement placés.Sur la piste 3 Insomnie, allié à la basse il y a un son légèrement 80’s qui me plaît particulièrement et me rappelle les belles années de Foreigner où les musiciens tentaient de superbes effets en faisant s’exprimer les instruments de manière détournée. Percussions en accompagnement, subtilité d’une cymbale, Thibault gère ses peaux comme la sienne propre.
Përl, ça vibre, ça cogne, ça pleure, ça rime et ça s’envole ! Ca n’est pas un Rock copier-coller, pas plus qu’un énième groupe que l’on peut étiqueter sans mal en rangeant le CD. Non, Përl c’est authentique, et savoir ce groupe distribué chez Apathia Records ne m’étonne guère car ce label fait dans l’humain, l’art véritable et profond.
La basse me plaît à tous les niveaux. Elle est brillante de présence et cela fait plaisir. On a trop vite fait d’oublier ce bel instrument au son singulier, habituellement caché par la guitare. Bastien fait frémir la sienne, littéralement, et mon cœur prend tout de cette énergie qui donne à Përl son côté mystique, parfois menaçant, toujours balançant. Et lorsqu’il joue, ce n’est plus vraiment un homme mais une métamorphose abstraite aux accents de folie.
Thibault prête sa voix sur Je songe, texte co-écrit par Aline qui elle a écrit pour tous les autres (sauf pour le texte d’Aragon). Je dirai selon moi que ce sera le seul bémol de l’album. Ce ne sont pas les mots qui sont en cause, cela reste simple, accessible. Je ne saurai dire, il s’agit surement de mon oreille de poétesse et cette dernière me torture à dire ici que cela fait une intro chétive, mal osée, par rapport à ce que nous offre les pistes précédentes et la suite portée par la voix d’Aline, elle-même soulevée presque immédiatement par une rapide mélodie. Non pas que la déclamation de l’auteur soit mal venue ou inutile car cela reste tout à fait bon, mais je n’ai pas ressenti l’effroi que l’auditeur pourrait exiger, j’ai simplement entendu une « lecture de texte ». La voix est douce mais il manque l’abandon de soi, comme s’il restait un voile de timidité.
Côté graphisme de l’album, là aussi c’est simple et efficace, sombre et révélateur, un crayonné un peu brouillon, en fait tremblant, où un papillon me semble vouloir atteindre le logo du groupe perché sur sa montagne. La pochette aura la même atmosphère et l’on devra l’œuvre à Pierre Vergeat d’Oraku Design. Les paroles sont lisibles, dans l’ordre, sans photos d’accompagnement autre que le background plus ou moins anthracite et la dernière page signe les remerciements de chaque membre. C’est un digipack sans prétention qui s’ouvre sur un CD imprimé de formes géométriques dans des tons sépia. Je dirai que le support est la promesse de l’atmosphère de l’album sans toutefois faire hommage à la poésie soigné qu’il contient.
Pour conclure, je dirai que percutée par cet album, je ne saurai que trop recommander Përl à quiconque aime passionnément la musique à rimes et à tripes, l’authenticité artistique. Parce que sur ce CD, il y a tout simplement de quoi exulter.
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