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Manteau Dévona

J’ai fabriqué ce manteau d’après le patron de chez Vogue V8346, le modèle E.

Je l’ai fait selon mon goût en retirant les boutons de décoration, et en terminant les manches avec le tissu de col.
Bien chaud, il est en laine bouillie noire et fausse-fourrure, doublé en satin argenté.

Note pour plus tard : Je trouve que le col n’a pas assez de tenue, il s’entr’ouvre vite. Un bouton à cet endroit aurait été judicieux.

Voici quelques photos de ma séance au Château de la Chasse, à Montmorency (95).
Crédit : Metallic Photography.


Mise à jour 2011

Voici un très beau poème de Gabriel Leroy, qu’il a offert à ce manteau. Le texte « Dévona » est issu de son recueil « Les métamorphoses de la Muse ».

Âprement douloureuse et cependant 
la Comtesse d’Hiver, glaçante majesté,
parcoure les étangs de tremblante nature,
pose sur l’étendue son règne incontesté.

Sa beauté ravissante et cependant tragique
tour à tour charme l’œil et vous le fait pleurer.
Son souffle de frimas, se jouant des suppliques,
rend superbe les bois, les bois désespérés.

A son col somptueux quelques roses de neige
épousent savamment les douceurs de ses traits.
Mais ce n’est seulement lorsque la vie s’abrège
que l’homme d’ici-bas pourra les voir de près.

La belle prend la vie de tout ce qu’elle effleure,
dérobe la vigueur des vertes frondaisons,
rend plus pâle le ciel et plus sombres les heures.
Elle aspire nos feux, confine nos maisons.

Ainsi va par les monts la divine vampire.
Sous ses doigts amoureux le monde disparait
faisant place à la glace, à l’hivernal empire.
Cependant l’aube sait qu’elle garde un secret.

Tout ne fut pas toujours exempt de toute flamme.
Car il est, je le sais, (Les brises l’auront dit)
sous son manteau sublime un corps brûlant de femme,
un brasier foisonnant de plaisirs interdits.

La déesse du froid fut un jour amoureuse.
L’homme élu, épris d’elle, elle l’aima si fort,
sous ses lèvres d’amante ardente et vénéneuse,
que sa chair se fit givre et devint vent du nord.

Car nul mortel ne peut aimer une déesse
sans mélanger l’extase aux plus vives douleurs.
Non nul ne peut survivre aux traces qu’elle laisse,
à ses baisers de givre, aux feux de ses pâleurs.

Elle a repris la route, à jamais solitaire.
Les larmes en flocons, en quête de l’absent.
Et vierge elle a laissé sa traine sur la terre
couvrir mille pays d’un invisible sang.

Toi qui peux la toucher, entends mon vaste souffle.
Car je fus ce mortel qui mourut dans ses bras.
Je ne lui en veux pas. En rafales, pour elle, je chante
qu'en son sein ma flamme survivra.

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