L’océan de Chopin
Le saviez-vous ? Chopin numérotait ses morceaux et s’agaçait qu’on puisse leur donner des noms. Il n’était pas comme Liszt ou Ravel qui nommaient volontiers leurs compositions.
Pourquoi nomme-t-on l’étude Op.25 N°12 de Chopin « Océan » ?
Je prends cette étude en exemple car c’est celle que j’aime le plus. Son intensité et sa puissance me renverse à chaque écoute.
Ce morceau du virtuose qui visait à travailler une difficulté, renvoyait l’image d’un flux et reflux, le ressac déchaîné des notes imageant une tempête en mer, peut-être un bateau luttant contre les vagues.
Cependant, rien à voir avec ces images marines, puisque Chopin avait précisé en début de partition que ce morceau devait être joué avec feu (Allegro molto con fueco). Il est également dit qu’il aurait écrit cette étude après l’annonce de la prise de Varsovie, ce qui l’aurait profondément affecté (source : A. Cortot, Édition de travail, Chopin). Est-ce là ce sentiment de « tempête », d’endurance, dans cet émouvant morceau ? D’ailleurs, l’étude Op.10 N°12 aurait également été composée dans cette période (étude révolutionnaire).
Mais alors pourquoi donne-t-on des surnoms aux morceaux de Chopin, si cela ne lui plaisait pas ? Voilà une simple volonté éditoriale, pour se remémorer de quel morceau l’on parle. Pour certains, il n’est pas difficile de se remémorer les opus, pour d’autres c’est un calvaire. Les surnoms sont donc apparus dans le but de fluidifier la communication autour des innombrables productions du pianiste.
Pour clore ce billet, je vous partage la troublante interprétation de Daniel Kharitonov. Feu ou eau, violence des hommes ou de la mer, étude technique ou chef-d’oeuvre intemporel, je vous invite à l’ivresse…