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Vision d’un couchant

Au couchant, les étoiles remontent des abysses
Folâtrer par milliers sur les ondulantes vagues
Et s’élancer vers les cieux, loin de Téthys
Offrir à la Nuit la constellation d’une bague.

Un anneau orné d’écritures mystiques
Comme je t’ai jadis offert, t’en souviens-tu ?
Avant que nous ne soyons créatures mythiques.
J’étais Vent, toi Océan, merveilleux afflux !

Ce soir, tandis que le dernier rayon meurt,
Mes ailes rouges frôlent les lames écumeuses
Agitant des paillettes qui, comme des pleurs,
Perlent du bout de mes griffes ravageuses.

C’est ainsi que je t’appelle à nos jeux
Fondant à travers un ciel d’ambre
Sillonnant cette mer aux reflets de feu
Qui fredonne l’air frais de Novembre.

Mais ce n’est pas elle qui chante ainsi,
C’est toi, nageant sous moi, sous l’onde.
Tu voles avec grâce ma douce amie
Dans les courants de ton aquatique monde.

Je glisse alors parmi les étoiles scintillantes
Plongeant mon corps de béhémoth dans tes eaux
Cristallines, dont la surface frémissante
Gémit contre la lave de ma reptilienne peau.

Ah ! Comme tu parais surnaturelle alors !
Ta longue chevelure chuchotant des secrets marins
Semble confier à ton sein la légende de ton corps
Ma précieuse sirène aux nageoires de satin.

Nous dansons, valsons vers les profondeurs.
Tu t’amuses à devenir la proue des épaves
Redonnant aux navires vaincus un peu d’honneur
Fiers de récolter les baisers que tu décoches en salve.

Nous tourbillonnons tels deux rapaces indomptés
Ma queue de dragon contant à tes fines écailles
La passion qui coule dans nos veines ressuscitées
De vasques en clepsydres, sans la moindre faille.

Mais le dernier rayon tint sa terrible promesse
Libérant les étoiles, livrant leur lumière à la nuit
Alors que nous baignons dans l’immense tristesse
De ne pouvoir figer ce crépuscule qui nous désuni.

Pourtant nous entonnons le chant légendaire
D’un dragon et d’une sirène épris d’adoration maladive
Ta voix aiguisée de sortilèges contre ma voix incendiaire
Espoir vocal, adieu nocturne, insupportable beauté auditive !

Lovés sur un écueil déchiqueté, en spectateurs las,
Tu m’offres de ton flan ouvert une écaille argentée.
« Va tendre tes voiles aux nuages et promets-moi 
De revenir m’étreindre lorsque le jour aura succombé. »

Dans un souffle chaud, j’effleure tes ongles d’opale,
Fais la promesse de supporter jusqu’au lendemain
L’absence de ton aura dans mon antre minéral,
Où les ombres ne murmurent que ton prénom divin.

Texte issu du recueil de poèmes « Confatalis »

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