
Il sera trop tard
Le bonheur sera plein de regrets.
Je porterai au front, le diadème d’une ride,
Serti de larmes, de soupirs torsadé,
Inestimable joyau de décades arides.
Aux pieds, d’irisés escarpins de langueur
M’iront comme ceux de Cendrillon.
Fabriqués par Fée Blesse, ma soeur,
Séquestrée pour ne point passer à l’action.
Sur eux, tomberont mille et uns jupons
Brodés de patience, de rêves chastes.
Chaque ourlet sera lesté de plombs,
Comme des grains de douleur néfastes.
La taille sera enfermée en un corset :
“Chairs et sangs, rangez-vous bien serrés,
Derrière les baleines, au creux des godets !”
Les entrailles hurlantes ainsi que les pensées.
Par-dessus cette misère de rétention,
Flottera une robe écarlate, velours & allure,
Piquée de romantisme, cousue de passion.
Hélas ! Le laçage en suture trahira la blessure…
« Arrête ! » dirais-je, quand ta main s’y posera,
« Tout est vain, mon coeur, tout est vain…
Ô toi que j’aime tant, toi qui à jamais sera
L’esprit de la brise, l’espoir du lendemain. »
Le cheveu blanc dans un chignon fatigué
Brillera tel un fil de lune, un fil du passé.
Tu diras : « Je suis prêt, laisse-moi t’aimer,
Par ce baiser que je veux te donner ! »
Ô comme le bonheur sera plein de regrets !
Oui, tu viendras de la sorte, moins tôt que tard,
M’étreindre l’âme sans rien en savoir jamais.
Comme promis, à genoux tu viendras me voir…
Mais il sera trop tard.
Ce texte est issu du recueil de poèmes « Billets d’âme – Tome 2 – Le théâtre des langueurs »
2 Commentaires
Mennadi Farah
18 novembre 2019 at 15:23Très beau poème inspirant, sensuel et plein de véracité
Lucy
2 mai 2021 at 11:03Merci beaucoup !