
Confatalis
Ton doigt était parfait, là, posé sur mes lèvres.
La parole était vaine sous la divine empreinte,
Alors finissant de sceller mes aveux dans la fièvre
Un cri silencieux s’échappait, libérant une plainte.
Puis nous avons éteint toutes les flammes
Des coulantes bougies qui veillaient sur nous,
Et l’œil clos, caressant du songe ton âme
J’ai rejoint amoureusement le creux de ton cou.
~*~
En oiseau éperdu de tendresse et d’elle
J’avançais à travers les brumes d’une songerie
Qui se dissipèrent sur la Demeure Éternelle
Où les êtres étaient faits de plumes cramoisies.
Appliqués, ils écrivaient la Vie sur une page vierge.
Lorsqu’ils la tournaient, elle collait à la précédente
De sorte que l’humain passé qu’elle héberge
Devienne illisible, ainsi voué à une mort lente.
Je comprenais pourquoi jamais l’on ne peut
Revenir en arrière, parfois même se souvenir ;
Les dits et faits se mélangeant entre eux
Ne reste qu’une page d’encre impossible à lire.
C’est ainsi que meurent vainement les promesses,
Par la faute de rapaces condamnés à ajourner,
Sous la dictée de Dieu, nos doutes et faiblesses.
Oh, l’affreux tortionnaire, le terrible geôlier !
Si du même destin d’âme nous avons hérité
Il me fut révélé que même les poètes
Contre la fatalité des jours ne peuvent lutter.
Une page se tourne, la suivante s’apprête.
~*~
Sur ma bouche séchait une pléiade de baisers
Que tu étais venue déposer à mon insu.
« Pardon, mon ange, de t’avoir réveillée,
J’adore te voir rêver. Où étais-tu ? »
J’aurai voulu te retranscrire cet effroi, ma peur,
Te dire que le passé sera bientôt illisible…
Mais sentant sous ma paume battre ton cœur
Le torrent qu’irriguait le mien se fit plus paisible.
Sur ton souffle je regagnai l’endormissement.
Blottie contre ta chaleur, je fermai les yeux
Te répondant dans un murmure mourant :
« Oh ma douce, j’étais aux cieux… »
Texte issu du recueil de poèmes « Confatalis »
1 commentaire
Anonyme
23 septembre 2012 at 13:21Le royaume de tes songes m'a toujours laissée béate…